La pose de la première pierre du Grand Clos semble être considérée comme une manifestation importante : elle marque « l’inauguration des travaux de reconstruction dans le département ».
Le samedi 9 mars 1946, Maurice Thorez, vice-président du gouvernement, et François Billoux, ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, sont à Nantes. Ils sont reçus par le maire Jean Philippot et à la préfecture.
"Dans les terrains cultivés du Grand Clos, entre la route de Paris et celle de St Joseph, derrière l’usine des Batignolles, doit s’élever un groupe de maisons, dites de transition, parce que édifiées en « dur » elles sont appelées à demeurer (au détriment du reste des cultures sacrifiées pour la circonstance... ). Sous une abondante floraison de drapeaux tricolores et de haut-parleurs, des spectateurs attendaient, sensiblement aussi nombreux que les "officiels". Après de brèves explications sur les constructions projetées de Mr Roux-Spitz, architecte urbaniste, Mr Billoux procéda à la pose symbolique de la première pierre et prononça quelques mots : "Il faut dit-il, réparer tout ce qui peut l’être, même provisoirement, et utiliser tous les locaux disponibles pour reloger les sinistrés à tout prix et tout de suite ...". M. Thorez prit la tête d’une rapide visite du chantier ouvert... ". (L’Avenir de l’Ouest / 11 mars 1946)
"Vers 17 heures, le cortège officiel se reforme et gagne rapidement le chantier de la reconstruction de la route de Paris. M. Roux-Spitz, architecte et auteur du plan d’urbanisme de Nantes, attendait pour recevoir les personnalités. M. Billoux, une truelle en main, procède à la pose solennelle de la première pierre. Une foule nombreuse assiste à la cérémonie. M. Billoux prend la pierre à deux mains et fait le geste symbolique de la poser à son emplacement définitif. Montant ensuite à la tribune, le ministre de la Reconstruction prononce quelques mots: "Je ne vous apporte pas des promesses, dit-il, mais je viens pour étudier avec les Municipalités de Nantes et de Saint-Nazaire un certain nombre de problèmes et tâcher de résoudre les difficultés qui se présentent. Je puis vous dire que la volonté du gouvernement tend à loger, par tous les moyens, le plus de sinistrés possible, et surtout le plus vite possible". (La Résistance de l’Ouest / 11 mars 1946)
Extrait du «Populaire de l’Ouest» du 11 mars 1946
1947 - La cité du Grand Clos en chantier
Pour construire les maisons du Grand-Clos, on choisit d’utiliser comme matière première le moellon extrait des carrières d’Abbaretz mais aussi des pierres de récupération issues des décombres de la rue du Calvaire. L’ardoise est retenue pour les toitures.
Une première bande de maisons destinées à servir de maisons témoins est construite rue de Takrouna. Elles se différencient des autres maisons par le soin particulier apporté à leur mise en œuvre.
Des difficultés de financement obligent à réduire l’opération de 175 maisons prévues à 159. La troisième portion de la rue de Takrouna ne sera donc pas construite et, en 1961, des immeubles d’habitations collectifs gérés par la Nantaise d’habitations y verront le jour.
Quelques articles de presse relatent des faits marquants sur le déroulement du chantier:
1947 - La cité du Grand Clos en chantier
Lors du conseil municipal du 25 mai 1948, Monsieur Daveau expose les difficultés rencontrées : "En tant qu’édile de Nantes et représentant des sinistrés, je m’inquiète de constater les lenteurs de l’achèvement des maisons du Grand-Clos. Les maisons devaient être livrées à l’habitation pour la Pentecôte et elles ne le sont pas. Ce sera paraît-il pour le mois d’octobre (...). Le projet initial et les crédits devaient permettre la construction de 175 maisons individuelles offrant 350 logements mais 159 maisons (318 logements) seulement furent adjugées et construites, les autres sont abandonnées et les crédits qui leur sont affectés serviront à combler en partie, l’augmentation massive que le bâtiment a subi ces derniers mois. (...) Mais voyons où en sont les travaux ? Le gros œuvre, toitures comprises, est virtuellement achevé, la plâtrerie, la menuiserie sont très avancées, les escaliers ne sont pas faits. (...) Par contre, à quoi serviraient de belles maisons parachevées si les éviers et les lavabos ne s’écoulent pas dans le réseau d’égouts, si l’eau, l’électricité et le gaz n’arrivent pas au compteur et si d’autre part les rues sont impraticables ?"
Au cours des premières années du Grand Clos de 1948 à 1952, les habitants doivent s’accommoder des inconvénients que représentent les travaux d’achèvement : voirie, clôture, éclairage... En mars 1949, sur les 159 maisons, 120 sont attribuées et occupées.
Le cahier des charges établi par Alain Bourcy géomètre-expert, à partir des orientations définies par Michel Roux Spitz dans un courrier du 12 novembre 1948 a été approuvé par arrêté préfectoral du 9 septembre 1952. Il a pour but de définir les droits, charges, et obligations respectifs des vendeurs et acquéreurs des terrains et maisons.
1958 - Vue aérienne du quartier